Si le vol VFR ( vol à vue ) peut s’avérer enchanteur (cf articles précédents) il reste toutefois fortement conditionné par les conditions météo. Trois facteurs peuvent interférer sur un vol à vue :

  1. Le vent : Si vous partez par un jour de grand soleil mais que le vent souffle en rafales en travers de votre piste d’arrivée, méfiance ! Les avions ont une tolérance plus ou moins grande au vent de travers, qui dépend en partie de leurs surfaces portantes et de leur gouverne de direction…sans parler du niveau de la personne qui tient le manche ! Cette tolérance est indiquée dans le manuel de vol de l’avion et doit être connue du pilote. Elle signifie qu’un pilote moyen est sensé pouvoir poser l’avion avec une valeur donnée de vent de travers. Reste qu’au terme d’un voyage, s’entendre dire qu’il y a 20 noeuds plein travers sur la piste lorsqu’on pilote un zinc dont la limite est fixée à 17 noeuds vous promet un grand moment de solitude… Si ce n’est quelques sueurs froides. Dans certains cas, un déroutement sera la meilleure solution, surtout si l’aéroport ne dispose pas d’une autre piste orientée différemment.
  2. La visibilité : Il s’agit ici de visibilité horizontale. Les jours de beau temps, on voit facilement à 100 km en altitude. Mais si le plafond est bas et que brumes, averses et stratus se trouvent sur votre route, vous n’y verrez plus qu’à quelques kilomètres. Et sachant qu’un avion avance relativement vite, vous allez foncer dans un mur quasi opaque extrêmement dangereux. Comme il s’agit de vol VFR, vous devez garder la vue du sol sous le plafond et ne jamais entrer dans les nuages. Dans certains cas, cela implique de voler très bas, voire trop bas… La solution consiste à faire un détour lorsque c’est possible, ou à voler temporairement au-dessus des nuages ( voir paragraphe suivant)
  3. La stabilité des nuages : Si les nuages sont stables (visuellement assez plats) et que vous disposez d’une ouverture conséquente au départ et à l’arrivée pour monter puis descendre sans traverser la couche nuageuse, il est tentant et légal de voler au-dessus. Cela s’appelle du vol on-top. On monte par un trou de ciel bleu au-dessus de la couche, on survole la région de mauvais temps et on redescend lorsque le ciel se dégage. Mais si la couche nuageuse est instable, les nuages de forme cotonneuse type cumulonimbus ou towercumulus peuvent monter très haut, plus haut parfois que la limite d’utilisation de votre avion. Et comme ces masses d’air engendrent un tas de phénomènes dangereux ( cisaillements de vent, averses, givre ) l’idée de voler en slalomant autour est tout à fait déplacée.

Bref, pour qu’un vol de voyage VFR ait lieu dans de bonnes conditions, il faut s’assurer du vent (principalement sur les aérodromes de départ et d’arrivée sans négliger le vent sur les reliefs, cause de turbulences), mais également du plafond de la couche nuageuse, de sa hauteur et de sa composition. Il n’y a que lorsque ces trois paramètres laissent envisager un vol relativement serein que l’on peut commencer à préparer son vol (étude des notaims et des supp-aip) et préparer son avion.

Oui, certes, mais si les conditions ne sont pas remplies, on fait quoi ? Les pilotes IFR (vol aux instruments) pourront s’affranchir du facteur visibilité selon leur expérience dans la discipline. Mais le vent, les turbulences et les conditions givrantes leur poseront les mêmes soucis qu’à leurs homologues VFR. Parmi ceux-ci, les plus téméraires prendront l’air, au risque de faire la une du journal local un de ces jours. Les plus pressés, mais responsables, prendront une voiture de location. Les autres, qui savent que « l’avion léger est le moyen de transport le plus rapide pour personnes pas pressées », prendront leur mal en patience et visiteront les musées de la région ou feront une étude des restaurants gastronomiques du coin.

Mais la prudence et la météo mettent parfois nos nerfs à rude épreuve… Cette année, la météo estivale ressemble à celle d’un mois de décembre, avec des orages, des visibilités proches de zéro et du vent violent à destination… Une situation exceptionnelle tant par sa durée que par son étendue puisque toute la France est touchée. Après quelques vols dans des conditions variables, nous voici donc bloqués à Paris depuis une semaine ! Certes, nous aurions pu « tenter le coup » à quelques reprises, voire procéder par sauts de puce, mais traverser la France en avion pendant les vacances, qui plus est en famille, se doit d’être un moment de plaisir et non une course contre le mauvais temps… Bah, ça nous aura laissé le temps de visiter le musée de la Ferté-Alais, de lire des revues d’aéronautique et de faire un peu de métro…

Au final, ce qui risque de vous coûter cher dans le voyage aérien ce n’est pas l’essence aviation mais bien l’hébergement à rallonge ! Tant pis… Car mieux vaut regretter de ne pas être en l’air, qu’être en l’air et regretter de ne pas être au sol…

2 commentaires sur “Voyages VFR et météo”

    laurent
    juillet 25th, 2011 at 6:35

    bien vu… et tant pis pour nous… mais la voiture nous permettra de nous voir bientôt !!lool

    kakos1er
    juillet 27th, 2011 at 6:43

    Très bien résumé, très bonne analyse ! C’est vrai que c’est vraiment, comme le bateau, un moyen de transport tributaire de la météo. Alors c’est bien, vous avez beaucoup de temps devant vous, mais qu’en serait-il d’une personne qui n’a que 15 jours? Bloquée, elle reprend le train pour rentrer et doit repartir plus tard avec pour rechercher son zing. Pas évident. Ou alors ils partent moins loin.
    Alors cela reste-il un loisir réservé à ceux qui ont du temps ? Ou alors ils se tournent vers la voltige ou stagnent autour de leur aérodrome avec leur brevet de base. C’est frustrant. Mais bon, s’il n’y a pas le choix….

Avion ou ULM, la passion de voler se partage !