Olivier 20 Avr 2010 En vol...5 commentaires

Aujourd’hui, fini les tours de pistes, je pars explorer les environs de la CTR de Cannes… CTR ? C’est la zone contrôlée par la tour de Cannes.

Jusqu’à présent, j’ai volé en solo autour de la piste, répétant plus ou moins les mêmes gestes à très peu d’intervalle de temps.

Là, je vais décoller, puis voler vers Fréjus et revenir par l’Estérel. Pas de tourisme, mais un exercice (que je m’impose) consistant à repérer tous les points d’entrée dans cette fameuse CTR.

Sur la carte VAC de l’aérodrome, ils sont indiqués par des couples de lettres, et un tableau en fin de document en donne une description sommaire.


Reste à les repérer en vrai, vu du ciel…

Les points d'entrée-sortie de la CTR de Cannes

Je décolle, vent du 160 à 6 noeuds. Je vais vers SW, pour monter à 2000 pieds.

Juste après le décollage

Arrivé à 1500 pieds à SW, je demande à la tour de quitter la fréquence. Accordé.

Puis, je bascule sur la fréquence de Nice (que j’avais pré-inscrite sur la radio).

Passé 2 000 pieds, il faut contacter Nice...

Là, je me présente et demande à voler à 2 500 pieds.

– « HM, affichez 5401 au transpondeur et maintenez 2000 pieds, je vous rappelle ».

Ok, je note 5401 sur mon papier pour ne pas oublier le code pendant la manipulation du transpondeur et je maintiens mon niveau de vol à 2000 pieds.

30 sec plus tard, la tour me rappelle, un poil stressée :

– « HM? Vous avez bien 5401 sur le transpondeur ? »

– « Euh… oui, oui…à l’instant, désolé ! »

Première boulette, je l’avais noté sur le papier mais pas sur le transpondeur lui-même !

Encore 30 sec, puis :

– « HM, confirmez votre altitude, merci ».

– « Je suis à 1500 pieds, Hôtel-Mike »

-« Bien, nous n’avons pas votre altitude, votre transpondeur est bien sur ALT ? »

– « Euh… deuxième erreur, ok, je corrige, désolé… »

Voilà un vol qui commence bien !

Mais ce n’est pas fini.

-« HM, vous êtes bien au nord de Delta-Roméo ? »

-« HM? je suis pile à la verticale de DR. »

-« Non, non, pour information DR a été déplacé, il est à 2 nautiques au sud de votre position »

-« Ah, ok, c’est noté »

-« Bien, vous pouvez monter à 2 500 pieds maintenant, vous avez un trafic à 1000 pieds à vos 9 heures »

– « Hôtel-Mike, visuel sur le trafic, je monte à 2 500 pieds »

Voilà, comment, en moins de 2 minutes, on passe pour un sacré étourdi… Mais c’est une belle leçon et le contrôleur l’a bien pris.

Le reste du vol est plus calme, survol de la baie de Fréjus, des étangs de Villepey, petit coucou aux Arènes bientôt défigurées par des gradins en béton, retour vers l’Estérel dans l’axe de l’autoroute.

Entre le Dramont (DR) et Fréjus

Saint-Aygulf

La base nature de Fréjus... ex-aérodrome !

Les arènes, bétonnées...

Une fois au-dessus du massif, mauvaises sensations. L’avion bouge pas mal, c’est un peu comme lors du vol sur Aix, sauf que là, je suis seul à bord. Déjà que c’est pas mon jour, j’avoue être un peu crispé.

En plus, mon attention est bien sollicitée par la recherche de ces fichus points. Je loupe WD, passe au-dessus de WL et recherche le point N.

Le stade est le Point Novembre... Bon, de loin, c'est pas si simple à repérer...

Pas facile de se concentrer avec les mains moites et un avion qui monte, descend, vit, quoi…

Point Novembre trouvé, je passe Grasse vers Echo-Whisky. C’est un golf, ça ne doit pas être sorcier à trouver. Et puis ça me fait un objectif, ça évite de cogiter dans cet engin instable. Pour tout dire, le simple fait de parler au contrôleur me rassure… Ça doit être ça, le stress…

Verticale du golf, je préviens Nice que je quitte pour faire un toucher à Cannes. Je passe sur la fréquence de Cannes, qui me demande de maintenir ma position sur EW le temps qu’un jet se pose. Je tourne au-dessus du golf, consciencieusement, lorsque le contrôleur m’interpelle :

– « HM, vous entrez dans la CTR, virez à droite, le citation est au-dessous de vous ! »

– « Mais je suis juste au-dessus de Echo-Whisky ! »

– « Hôtel-Mike, quel est votre cap ? »

– « Suis au cap 020 actuellement »

– « Bien, EW est à deux nautiques en face de vous »

– « Ah, vu, j’avais confondu avec le golf précédent, toutes mes excuses ! »

Faut dire qu’avec deux golfs côte à côte, ce repère est un peu moyen à mon avis, mais bon, c’est la journée où je passe pour un âne, va falloir s’y faire…

A peine arrivé à EW, la tour m’autorise à m’aligner piste 17. Demi-tour sur le golf, pas si simple avec l’avion qui s’agite, puis passage au-dessus de quelques collines pour rejoindre l’axe de piste. Je descend, tout en essayant de ne pas accélérer trop… 10, puis 20 degrés de volets… Les PAPI sont bons, je suis dans l’axe….

Courte finale au-dessus de l’autoroute, je survole le seuil de piste, ailes droites, je m’aligne « aux pieds », l’avion bouge encore un peu… j’arrondis lentement, la piste défile. je finis par toucher, la roue avant droite pose en premier, ça fait un peu brutal, j’aime pas trop. Remise de gaz, je repars pour un tour.

Je quitte la fréquence de Cannes, reprend Nice, survole Fréjus. Atmosphère calme, c’est reposant…

Le Cap Roux, et en reflet, la carte qui me sert à me repérer...

Pas de turbulences sur la mer, on peut profiter du paysage...

Fréjus...

Le port Santa-Lucia et Saint-Raphaël... C'est brumeux...

J’avoue être assez inquiet à l’idée de repasser sur l’Estérel. Les turbulences de tout à l’heure m’ont quand même impressionné, pas par leur violence mais pas l’inconfort – physique et psychologique – qu’elles engendrent.

Je me fais violence et prend le même parcours. Le repérage des points est plus facile. J’essaie de voler moins crispé, de faire avec ces mouvements intempestifs incessants. A WD, j’hésite à tourner directement vers la piste, mais d’une part le relief est haut et ça bougera au moins autant, et d’autre part, je ne vais pas me dégonfler… En route pour echo-whisky !

Au passage, le contrôleur me fait croiser un avion à hélice à 100 pieds d’écart à peine (30 mètres). Lui volait à 2500 pieds, moi à 2400… Plus tard, un Citation (un gros jet) me dépasse par la droite. Y’avait une belle photo à tenter, mais bon, on peut pas tout faire !

EW, pile sur le bon (!) golf, autorisé à atterrir. Je m’aligne, c’est pas plus simple qu’au premier coup, mais ça va. Atterrissage, je m’applique, mais vlan ! Encore cette fichue roue droite qui mord en premier. Grrr, y’a un truc avec ces 8 noeuds de vent… Faut que je demande à Michel.

Piste dégagée, je roule parking 6. Arrêt moteur, sanglage de Hôtel-Mike et je rentre à pied.

De retour au bureau, je raconte mes mésaventures du jour à MIchel qui se marre. Ensuite, il m’explique que je devrai me poser en baissant l’aile au vent et en compensant au palonnier pour garder l’axe. Ok, je reviens demain, et si y’a du vent, je le fais, c’est bien ancré dans ma p’tite tête !

Au final, un vol assez court (1 h 10) mais riche en sensations. Je comprends mieux pourquoi on parle d’aviation légère et sportive !

5 commentaires sur “Vol 17 : Solo hors de la CTR !”

    marc
    avril 20th, 2010 at 11:14

    hén ben, moi aussi tu m’as bien fait rire, mais n’empêche que plus ça va, plus c’est compliqué pour moi !! Je te tire mon chapeau car la panique doit vite arriver quand on est seul !!

    Iva
    avril 21st, 2010 at 8:37

    la lecture des vols est toujours un régal.
    Je suis d’accord avec Marc. Ça devient de plus en plus compliqué pour moi et franchement, chapeau ! Je pense (j’en suis même convaincue) que je ne suis pas faite pour ça.
    Le vivre par procuration me suffit amplement. Alors, continue tes récits et continue à nous faire rêver… et sourire;-))

    Olive
    avril 21st, 2010 at 9:03

    Compliqué ? Pas vraiment, puisque au fur et à mesure de la progression les zones d’ombre s’estompent. Faut juste être patient pour que tout se mette en place… Par contre, je pense qu’on peut dire que c’est de plus en plus complet… Ce qui permet d’envisager encore de longues et belles heures de vol avant d’être blasé !

    Laurent
    avril 21st, 2010 at 3:39

    ça y est, tu as réussi, j’ai le mal des transports…!
    non, sérieusement, bravo… j’aurai pas fait mieux !

    Cedric
    avril 23rd, 2010 at 4:29

    y a de quoi stresser mais tu t en sors toujours comme un chef…

Avion ou ULM, la passion de voler se partage !