Olivier 5 Août 2011 En vol...5 commentaires

Après quelques jours passés à Fréjus, l’envie de voler nous reprend à nouveau. La ville de Carcassonne, cité médiévale propice à éveiller la curiosité des enfants, nous semble une bonne destination. Au retour, nous prévoyons de passer par Béziers rendre visite à un oncle que nous n’avons pas vu depuis quelques années…

Il fait beau à Cannes. Décollage sans histoire, virage à droite et montée initiale sur l’Estérel. Passage sur la fréquence de Nice pour monter au FL 65 (si vous suivez, vous savez maintenant que ça signifie 6 500 pieds). Il y a des nuages en face de nous et nous passons au dessus. J’adore le vol on-top, c’est parfaitement linéaire, on est au soleil, le plaisir de s’affranchir des contraintes est bien réel !

On-Top au départ après l'Estérel

Passé la Sainte-Victoire, plus de nuages mais une vue imprenable sur Marseille. On apprécie…

Le port de Marseille

Puis, survol de la Camargue. A cette altitude, on voit les choses différemment. Thomas découvre les magnifiques dessins des marais salants mais déplore qu’on soit trop haut pour voir les flamants roses. On reviendra en Cessna, promis ! Nous suivons la côte jusqu’au Cap d’Agde puis virage à droite vers l’intérieur des terres.

Après Marseille, c'est la Camargue, toujours magique sous le soleil

Descente progressive, nous passons Béziers et approchons de Carcassonne. Le contrôleur nous propose gentiment un circuit main droite, ce qui signifie qu’on passera au sud et donc à proximité de la Cité. Manque de bol, l’air est très turbulent à 1100 pieds et pour faire les photos, Caro en bave un peu. Mais les remparts sont dans la boîte, on vous laisse apprécier ;-)

La Cité comme nous ne l'avions jamais vue...

Atterrissage tout en douceur, roulage au parking ponctué d’un « A plus ! » du contrôleur décidément très détendu. Le taxi étant moins cher que la navette, nous voici dans en train de rouler dans une Chevrolet flambante neuve vers l’hôtel. Il faut dire que c’est le premier jour de travail de notre jeune et sympathique chauffeur ! Une fois rendus, les enfants profitent de la piscine de l’hôtel. Ben oui, c’est les vacances…

La visite de la Cité, qu’on connaît déjà bien, se révèle très sympa. Il fait beau mais pas trop chaud et nous entrons à l’heure où une majorité de touristes ont fini la visite. Il n’y a donc pas trop de monde. Nous flânons et profitons de cette belle journée. Après un petit repas sans prétention mais très copieux, la visite nocturne avec des attaques simulées du château par des voies détournées achève de mettre les loustics dans l’ambiance. Bref, une journée aéronautiquement et touristiquement parfaite. De retour à l’hôtel, nous croisons des Fréjussiens qui ont mis 6 heures cet après-midi pour faire le même trajet que nous…par la route ! Comparé à l’avion, y’a pas match. Avec 1h45 de vol, on se sent assez fiers des perfs de notre Piper ;-)

C'est beau une ville (médiévale) la nuit...

Le lendemain, le temps couvert retarde le départ. Béziers est dans la brume, mais qu’à cela ne tienne, on se balade sur les remparts et dans le château. Vers 14 heures, le plafond est monté à 1300m sur Béziers. Rien d’extraordinaire mais il semble possible d’y aller. Nous sommes sur le tarmac de Carcassonne, où souffle un vent violent. Les rafales dépassent les 30 noeuds. Heureusement, le vent est dans l’axe. L’avion est chargé tant bien que mal, avec même une belle frayeur quand un coup de vent vicieux manque d’arracher la porte du PA-28. Je me renseigne auprès de pilotes du coin pour savoir s’il n’y a pas de cisaillements de vent à attendre à proximité de la piste, puis nous décidons de prendre le départ.

Pendant le roulage, les commandes bougent toutes seules, à 100% de leur débattement, tant les gouvernes sont malmenées par le vent. Je suis obligé de me cramponner au manche ! Je remonte la piste, car même si le décollage promet d’être court avec ce vent de face, il peut aussi s’avérer sportif. Dans ces conditions, toute la place peut servir. Alignement, gaz ouverts presque au maxi, pression d’admission à 38″. L’avion roule, je le plaque au sol. La vitesse de rotation de 75 noeuds est atteinte mais j’attends encore, par sécurité. Je maintiens la trajectoire aux pieds, ça file droit mais de plus en plus vite. A 90 noeuds je tire enfin le manche. Le vaillant Piper Arrow s’arrache du sol et monte d’un coup, comme aspiré verticalement. Les 200 pieds d’altitude sont pris en quelques secondes ! Le temps de rentrer les roues et nous voilà déjà bien haut. Belle sensation !

Devant nous, vers le nord, c’est la grisaille. A peine 2 minutes depuis le décollage et les nuages nous barrent la route. D’ailleurs, le nez de l’avion entre dans la couche, et soudain c’est tout gris et on n’y voit plus rien. Un oeil sur le HSI, je mémorise le cap inverse de notre cap actuel et entame un sage demi-tour à 360° L’avion ressort du nuage et la visibilité revient. Bon, il va falloir choisir un autre chemin ou retourner se poser. J’informe le contrôle qu’on va finalement partir par le sud. Je décide de descendre les plus bas possible, à 1200 pieds et de suivre la voie ferrée qui, d’après la carte et la logique ferroviaire, évite les collines alentour. Car pour relativement modestes qu’ils soient, les reliefs Cathares sont aujourd’hui noyés dans les stratus et donc potentiellement mortels ! Certes, nous pourrions nous affranchir de ce péril en montant on-top. mais la couche est uniforme et nous n’avons pas le droit de la traverser. De plus, rien ne dit qu’au moment de descendre, ce sera dégagé…

Impossible de monter, alors on navigue à vue, à 1200 pieds, entre nuages et collines... Chaud !

Nous poursuivons donc notre cheminement, un oeil sur la carte et les voies ferrées, l’autre sur l’altimètre. A plusieurs reprises, nous changeons de cap pour viser des zones de meilleure visibilité et de relief moins marqué. Nous fnissons par croiser Narbonne, presque ensoleillée. Mais il reste une petite barrière de nuages et de collines à franchir. Je tente le coup en finesse, en me réservant la possibilité d’un détour par la mer à tout moment. Un dernier trou de souris et nous voici à proximité de Béziers, sous un ciel d’azur immaculé. L’approche directe se fait sans souci, nous voici posés. Ouf ! Le plein est fait, l’avion est poussé à sa place, dans l’herbe, à côté d’un autre Piper et d’un Cirrus.

Ce vol de 45 minutes aura été bien plus riche en émotions que le précédent d’1h45 ! Comme quoi, les heures de vol sur le carnet d’un pilote ne veulent pas dire grand chose tant qu’on ne sait rien des conditions dans lesquelles elles ont été effectuées…

Mon oncle Vincent et ma tante Maryline nous font visiter la région. Ils sont curieux de savoir comment on « vit » notre nouvelle passion aéronautique. On découvre Pézenas et ses artisans, belle destination shopping et prétexte probable à un futur vol avec les copines de Caro…

Balade et shopping à Pézenas, c'est les vacances...

Le lendemain, décollage avec 10 noeuds de vent de travers, montée au FL 75 et vol direct sur Cannes. Nous ne suivons pas la côte, c’est un vrai « direct to ». A peine 1 h 20 de vol et nous voici posés à Cannes. Vincent est arrivé chez lui, après les bouchons de l’agglomération de Béziers, en même temps que nous alors qu’il n’avait que 40 km à faire…

Au retour, c'est (presque) tout droit, à 7500 pieds... facile !

Au final, une superbe évasion de quelques jours grâce à un moyen de transport un peu original mais si attachant. Nous sommes en Août et après un mois de juillet que je qualifierai de « découverte » du voyage VFR, Caro et moi commençons à trouver naturel – et rudement agréable – ce moyen de visiter les régions de France… On n’attend plus qu’une chose, repartir encore et encore et puis, surtout, partager ce plaisir avec nos amis pour des virées à la journée ou en week-end… Mais c’est une autre histoire !

La galerie montre dans l’ordre la région Marseillaise, les aéroports d’Aix et de Marignane, la Camargue, Candillargues et Montpellier, le Cap D’Agde, Béziers, Carcassonne vue des airs et vue du sol, Pézenas en shopping puis une ou deux vues du retour sur Cannes. Désolé pour les amateurs de frissons, mais la navigation à vue par mauvais temps entre Carcassonne et Béziers n’a pas été immortalisée !

5 commentaires sur “Carcassonne & Béziers”

    Laurent
    août 5th, 2011 at 2:32

    C’est magnifique la terre vue du ciel !
    Que de couleurs ,on en a plein les yeux!
    Super!

    Cedric
    août 6th, 2011 at 7:27

    magnifique périple…la Camargue, c’est vraiment beau, quelque soit l’altitude…Des conditions de vols pas évidentes pour aller à Béziers mais la sagesse et l’intelligence du pilote ont permis de surpasser l’épreuve les doigts dans le nez…bravo

    Kakos1er
    août 8th, 2011 at 8:45

    Bon va falloir que tu m’expliquers un peu mieux le départ de carcassone. Y a des décisions que je ne comprends pas. En tout cas bravo pour ton sang froid et ton aptitude.

    Olive
    août 8th, 2011 at 9:23

    Ben on est partis de Carcassonne parce qu’on voulait aller à Béziers ;-)
    Plus sérieusement, la météo du matin donnait Béziers en IFR => pas de vol, ou alors pour rentrer à Cannes. Vers 14h, le plafond sur Béziers était vers 1800 pieds, 2500 à Carcassonne. Donc le vol était tout à fait envisageable, surtout qu’il était court (y’a environ 50 nautiques, soit 100 bornes entre les deux villes).
    On a donc décollé avec à l’esprit un plan B, à savoir se reposer à Carcassonne, et même un plan C, à savoir passer la couche si besoin et rentrer sur Cannes. Bref, on n’est pas partis à l’aveuglette !
    En fait, le vol était un « spécial » mais c’était une situation tout à fait classique de VFR avec un plafond bas, qu’il faut de toutes façons savoir reconnaître (pour ne pas faire n’importe quoi) et pratiquer. On a donc volé concentré mais sans la moindre appréhension du fait qu’on avait toujours des repères et une visibilité horizontale > 10 km…
    Tu vois, on est tout, sauf des casse-cous !

    kakos1er
    août 8th, 2011 at 10:02

    Ha ben voilà, je comprends mieux maintenant !! ;-)))

Avion ou ULM, la passion de voler se partage !