Après des journées passés à scruter la météo (voir article précédent), nous avons eu la surprise de voir la journée de dimanche commencer sous de bien meilleurs auspices que prévus. Peu de vent sur Cannes, des nuages fragmentés sur le parcours… Le petit déjeuner est avalé en quatrième vitesse, les bagages fermés et pesés avec une balance de poing pendant que je note brièvement les infos nécessaires au vol et nous voici dans la voiture direction Toussus. Sur place, veste polaire obligatoire. Qu’à celà ne tienne ! La prévol est expédiée avec sérieux mais dans une ambiance fébrile, celle des grands départs. Radio, alignés en piste 25 gauche, décollage… A masse max, le Piper décolle en avalant les 2/3 de piste, ce qui laisse encore de la marge.
Cap 250 le temps de sortir de la zone, puis plein sud vers Etampes. Nous montons 2500 pieds sous un ciel couvert de nuages. Ça et là une trouée entre deux nuages laisse entrevoir un peu de ciel bleu. Mais pas question de monter, la zone interdite au-dessus de Paris nous maintient en dessous de 5500 pieds. Enfin, voici Etampes, nous sommes sortis des zones A et nous pouvons monter. Puissance à 33″, hélice 2475 tours, 104 noeuds indiqués, je monte. Le nez de l’avion pointe vers les nuages, je cherche une trouée assez large. Soudain, après un énorme cumulus bien noir, une voie s’ouvre à notre gauche. Virage, le PA-28 s’engouffre bravement dans la brèche. Nous voilà dans un canyon cotonneux, avec en point de mire le bleu du ciel. Le turbo permet aux 6 cylindres du moteur continental de délivrer toute sa puissance. Le vent nous pousse, le taux de montée de 800 pieds/min à 104 noeuds indiqués est en réalité effectué à 130 noeuds sol !
En passant ENTRE les nuages (et pas dedans) il est possible de passer au-dessus...
Sortie du "canyon" entre les nuages... Le ciel bleu nous attend !
Après 3 minutes, nous arrivons à la cime des nuages. Le spectacle est grandiose. Nous surfons sur les crètes, continuant à nous élever au-dessus de cette mer d’écume… 11 500 pieds. Le Piper est en palier et accélère… 170 kts, 175, 180… Nous atteindrons 190 kts, soit 340 km/h… Pas mal, avec seulement 200 chevaux !
Il ne faut pas rester au niveau des nuages mais monter encore... dans le bleu !
11 500 pieds, les nuages sont dessous, le ciel azur au-dessus... Trop beau !
Le reste du vol se poursuit dans un calme incroyable. Il y a peu de trafic radio, on pourrait écouter du Mozart… Les nuages sont parfois assez espacés pour laisser deviner les villages tout en bas. Leurs habitants ne sont pas près de voir le soleil… De notre côté, nous coupons la ventilation (il fait -15° dehors) et nous nous régalons de retrouver enfin un ciel azur ! Pour les pilotes de ligne, il fait soleil tous les jours…
L'aile du Piper carresse les cumulus... Les pionniers, dans leurs biplans avec un habitacle ouvert, devaient se prendre pour des dieux !
En voyage "on-top", il fait toujours beau !
Cerise sur le gâteau, nous voyons dépasser des sommets dont nous dirons aux enfants, sans en être certain, qu’il s’agit du Mont-Blanc. C’est beau en tout cas !
Le Mont-Blanc ? Pas sûr, mais c'est beau...
Vers Montélimar, nous coupons le trajet de l’autoroute du soleil, bien à l’ombre aujourd’hui et assez chargée. Nous ne verrons pas de bouchons, ce qui nous aurait pourtant bien fait rire… Les conditions restent les mêmes jusqu’au mont Ventoux. Le géant est caché dans les derniers nuages. Nous voici à Vinon sur Verdon. Virage vers l’est et début de la descente. Quelques turbulences m’incitent à couper le pilote automatique et à reprendre les commandes, mais ça ne dure pas. Qu’à cela ne tienne, je finis le vol à la main. Le Lac de Sainte-Croix est laissé à gauche, Marseille à droite, on aperçoit Fréjus à 100km de là.
Les nuages ont disparu comme par enchantement... Nous sommes dans le sud !
La descente continue, je réduis les gaz pour ne pas aller trop vite. Draguignan, le lac de Saint-Cassien… La tour de Cannes nous autorise pour un passage verticale tour, nous voici déjà dans le circuit de piste. Je réduis encore les gaz, 130 noeuds, le train sort, les volets, virage en base. Aligné en finale, plein volets, le vent est annoncé au 140 pour 14 noeuds. Descente, arrondi, je fais durer, ça pose doucement… Mission accomplished !
Nous roulons vers l’essence. Le vol aura duré 2h30 minutes, soit un bon 280 km/h de moyenne. Et en plus, une nav complète on-top, avec le privilège d’avoir le soleil quand les piétons sont à l’ombre… Rhâââ, quel pied le voyage en avion, quand les conditions sont bonnes !
La galerie de portraits de nuages vaut le détour…
Avion ou ULM, la passion de voler se partage !
Superbes. Les nuages font encore plus beaux !
Bravo à vous;-))