En ce 1er janvier, quelle meilleure façon de fêter la nouvelle année que d’aller faire un petit vol ?
Décollage de Cannes, survol de l’arrière Pays Niçois jusqu’à Monaco, retour par la mer à 1000 pieds et poursuite jusqu’à Saint-Topez, avant de se poser à Cuers où l’avion sera révisé, lundi… Le tout sous un ciel bleu magique en plein hiver !
Mais ce n’est pas forcément assez surprenant pour les lecteurs habitués de ce petit blog, alors, j’ai décidé de vous faire visiter… La tour de Cannes !
Le 22 décembre, après un vol en famille en fin d’après-midi, je demande au contrôle s’il est possible de venir leur dire bonjour avec les enfants. Réponse positive, nous rangeons le PA-28 et nous nous dirigeons vers le pied de la tour.
Difficile d’entrer, il faut s’annoncer à la porte vitrée, puis monter à l’étage voir une secrétaire qui nous accompagne à une petite porte au fond d’un couloir. Là, sa carte magnétique ouvre la serrure et nous voici devant un ascenseur. Il reste à décrocher un téléphone pour prévenir de notre arrivée et à s’entasser dans la minuscule cabine.
Un petit escalier mène enfin à la pièce où officient les contrôleurs. Patrick et Dominique nous accueillent tout sourire, un peu surpris tout de même devant l’âge des pitchouns. Très pédagogues, ils profitent d’un trafic fortement réduit à la nuit tombante pour nous expliquer leur mode de fonctionnement pendant que je fais quelques photos avec l’iPhone.
Les deux hommes sont assis côté à côte et gèrent, l’un, le sol, l’autre, les vols. Leurs micros sont construits de manière à filtrer fortement les sons environnants, de sorte qu’ils peuvent parler en même temps sans gêne.
Celui qui gère le sol note les infos des avions au départ sur son écran puis édite un petit strip, bande de papier où sont consignées les infos essentielles. Il passe ce strip à son collègue, qui les pose sur des emplacements définis.
Les avions sont donc représentés matériellement sur des rails qui permettent de savoir qui est au départ, qui est en finale, qui est en transit, etc… A chaque mouvement d’avion, le contrôleur les déplace. D’un coup d’oeil, il a donc un schéma clair de l’état de la CTR à l’instant présent. Si 3 avions sont dans le circuit, et se présentent en finale, les 3 strips seront alignés sur le rail, dans l’odre. Ce qui permet à la douce voix que vous entendez dans votre casque de vous donner des informations du genre « Roméo-Mike, vous êtes numéro 2, rappelez avant de virer en base ».
Les avions sont visibles de la tour, mais sont également représentés sur le radar avec leur code transpondeur (ou leur immatriculation s’il s’agit d’un transpondeur mode-S), de leur altitude et de leur cap. On voit ainsi passer des Airbus, des Falcon, des Piper… A un moment, Dominique nous montre un point : « là, c’est le Falcon 900 d’Albert de Monaco, il décolle de Nice pour le Bourget ». Effectivement, nous voyons le bel oiseau argenté passer dans le ciel, petit point lumineux au coucher du soleil.
Les contrôleurs restent en poste 1 heure, puis changent de place. Ensuite, ils doivent prendre 45 minutes de pause, avant de revenir. La vacation complète dure 10 à 11 heures. Il y a 11 contrôleurs dont trois femmes à Cannes. Il reste encore au moins un poste à pourvoir, avis aux amateurs !
Notre visite de courtoisie (et de pure curiosité) va s’éterniser car nos deux hôtes apprécient visiblement de nous faire partager les ficelles de notre métier. Julie sera même invitée à allumer les lumières de la piste 35 à la nuit tombée ! Au bout d’une heure et demie, nous quittons les lieux en faisant la promesse de revenir le 24 apporter des dessins des enfants.
Le 24, ce sera chose faite. Patrick, en pause à notre arrivée, se déplace et vient nous ouvrir, on apprécie cette délicate attention! A l’étage, nouvelle discussion avec Dominique et Roland, qu’on ne connaissait pas. Quelques jours plus tard, le 28, je laisse Julie parler à la radio après avoir fait un plein. Le contrôleur, que nous n’avions pas vu, devine à la voix de qui il s’agit et remercie Julie pour les dessins affichés dans la tour ! Trop fière, la petite puce devient toute rouge sous son casque de pilote ;-)
Le 29, un vol sur Aix, où une seule fréquence est disponible, nous a donné l’occasion de d’être une nouvelle fois épatés par le sang-froid de ces contrôleurs, méconnus mais si importants : la jeune femme en charge de la tour devait gérer, en simultané, le déplacement des avions au sol (départs, roulage, pleins d’essence, etc…), les décollages et atterrissages, les traversées de CTR, sans oublier les descentes de parachutistes. Avec jusqu’à 5 pilotes en finale, elle a réussi pendant tout le temps où nous sommes restés sur sa fréquence, à gérer tout le monde avec une apparente bonne humeur, sans manifester le moindre stress ou agacement ! Une performance, vu l’incroyable pression qu’elle devait subir. Quand à moi, à sa place, j’aurai sûrement envoyé bouler tout le monde et jeté mon casque par la fenêtre ! Alors, en ce 1er janvier, bonne année à tous nos collègues contrôleurs et contrôleuses !
Je termine bien entendu cet article avec un grand merci à Patrick, Dominique et Roland, qui nous ont accueillis bras ouvert, et à tous les autres qui informent dans le casque, toujours aimables et professionnels et sans qui notre aviation de loisir n’existerait tout simplement plus !
Voilà, j’espère que cette visite virtuelle vous aura amusée et surtout, vous aura donner envie de découvrir de nouveaux horizons, qu’il s’agisse d’avions ou de toute autre activité en 2012 !
C’est super d’avoir fait connaissance avec les contrôleurs, je pense que c’est important voire essentiel de connaitre les personnes qui vont t’empêcher de prendre un Falcon dans le citron !! ;-)))
Ils ont l’air très sympas en plus … Mais c’est vrai que ça doit être un job assez stressant.
Merci de nous faire partager tout cel
Je suis allée trop vite ! Je voulais dire : merci de nous faire partager tout cela. C’est extra.
Une bonne idée, intellectuellement intéressante et humainement riche !